Off the beaten tracks
12 mars 2010 — larimaCoucou, tu veux voir ma pagode ?
A Bagan, il fait très chaud. On a beau y arriver en fin d’aprem, il fait encore très très lourd et on appréhende un peu la journée de vélo du lendemain. Pour un peu, on se laisserait presque tenter par la journée en calèche pour richoux. Mais non, le lendemain matin, motivée par Clément qui déborde d’énergie pour nous deux, j’accepte la solution bicyclette. En fait c’est très bien, ça nous permet de ne pas être trimballés de gros temple en gros temple, qui ressemblent plus à des centres commerciaux (« souvenir mister ? souvenir ? »). Demie journée tranquille à se balader dans la plaine de Bagan au milieu des milliers de pagodes, c’est assez impressionnant. De temps en temps un gamin ou un mec nous indique une pagode que l’on peu escalader et d’où on a une belle vue. Quand ils sont tout seul ils sont super cool, mais quand y’en a trop on est un peu harcelé et on commence à en avoir par dessus la tête des « where do you come from ? ». A partir de maintenant, ils devront deviner ! Pas trop difficile, 80 % des touristes sont français 🙂 On arrive quand même à se laisser attendrir par une gamine trop choute de 5-6 ans qui vient s’asseoir à côté de nous « hellooo ! where do you come from ? France ? Bonjourcommentallezvous ? Regarde mes cartes postales, c’est moi qui les fait ! – Ho, c’est toi qui les fait ?? – Euh… Non c’est pas moi qui les fait ! ». 😀
Les chemins sableux sont pas évidents, mais on survit grâce aux bouteilles d’eau congelées fournies par notre guesthouse. Les points de vue en hauteur sont vraiment magnifiques, le ciel à beau être poussiéreux ça reste quand même assez canon. On se demande ce qu’il leur a pris de construire autant de temples et de pagodes à l’époque (y’a environ 1000 ans pour info).
Repos-avocado pour le déjeuner. On se nourrit plus que de ça le midi, quand on peut, et nos estomacs nous en sont très reconnaissants. On enfourche à nouveau nos bécanes en fin d’aprem pour aller mater le coucher de soleil. Plutôt que d’aller sur LA pagode où 90 % des touristes s’entassent le soir venu, on suit un mec qui nous emmène au sommet d’un petit temple, on est tout seuls avec lui et la vue est jolie. Ils veut nous montrer ses peintures bien sûr, mais il est super gentil et on passe un bon moment avec lui. Le coucher de soleil est pas top, en fait le soleil disparaît dans la poussière bien avant de toucher l’horizon, et la lumière est très voilée, mais l’atmosphère est là.
Repos bien mérité avant la loooooongue journée de bus qui nous attend. Car dans notre folie, nous avons décidé d’aller au bord de la mer plutôt que de retourner à Yangon via Mandalay, le trajet « normal ». En général les gens vont sur la côte en avion, et c’est pas vraiment « prévu » pour les touristes de s’y rendre en bus d’ici. De plus la plage où on veut aller est assez luxe, et on arrive pas trop à avoir d’infos récentes sur les possibilités d’hébergement là-bas… On a prévu un budget un peu just, mais après une série de comptes d’apothicaires, on décide qu’on peut se le permettre ! Reste à s’y rendre. La veille, on a réservé un bus à la station, et c’était déjà pas facile facile. Un seul mec veut bien nous en vendre, mais il a la bouche pleine de bétel et on comprend que dalle. Il est vraiment trop dégueu, des bouts tombent de tous les côtés et il fait aucun effort pour améliorer son élocution… On dirait presque qu’il le fait exprès tellement c’est répugnant ! On a du mal à le regarder sans être pris de fou rire ou de hauts le coeur. En plus il a une magnifique barbe poivre-et-sel (ou plutôt poil-et-sel…) : un grand poil poivre, un grand poil sel. De manière générale les asiats sont pas très poilus du visage, et quand ils ont un poil ils le laissent soigneusement pousser, ça donne des longs poils solitaires qui pendent jusqu’à la poitrine, d’un esthétisme à toute épreuve. Signe de virilité probablement ?
Bref on arrive quand même à acheter des billets jusqu’à Magwe. Le lendemain matin, l’aventure commence à 6h45 devant notre guesthouse. Le bus arrive une demi heure plus tard, puis on s’arrête 200m plus loin pour changer une roue. Manifestement, on a pas de roue de secours, et le temps qu’ils en trouvent une on poireaute une bonne heure. Le bus est pas super confort, mais on nous avait prévenus et ça ne dure que 6h… Arrivée vers 13h à Magwe, où l’on réserve un bus pour Pyay, qui ne part qu’à 5h. Encore une fois on ne sait pas trop s’il y en a d’autres, mais de toute façon c’est le seul qui accepte les touristes. Longue attente dans le seul petit resto où l’on arrive à se faire un tant soit peu comprendre, les tenancières ont un menu en anglais et surtout elles font l’effort d’essayer de deviner, ce qui n’est pas le cas de tous les gens du coin. Les filles du boui-boui matent Titanic à la télé entre deux coupures de courant et ça nous donne un bon prétexte pour rester longtemps. Etant donné la fréquence des coupures et la longueur du film, elles doivent y être depuis ce matin ! Leonardo finit par couler et on retourne à la station.
Départ pour notre seconde session de bus de la journée. Et cette fois on a même pas le droit à des sièges, on est dans le couloir central sur des strapontins, pour à nouveau 6h de trajet.
Les strapontins en quelques mots : forte inclinaison latérale de l’assise, dossier en deux parties avec barre de métal au milieu, et suspension extra souple permettant d’apprécier la moindre aspérité de la route avec une ampleur bien meilleure que sur un siège normal. Bien sûr, convivialité hautement accrue grâce à notre position privilégiée au sein de nos camarades de voyage, qui mastiquent, mâchouillent, suçotent et dépiautent allègrement, à grands renforts de bruits de salive et de rots à faire frémir d’admiration un Australien. les bus, propres quand on y monte, se remplissent rapidement de déchets de toute sorte, et surtout de coquilles de graines de tournesol dont nos amis birmans sont très friands. Ils les jettent évidemment par terre, pourquoi prendre la peine de déplier le sac plastique fourni à tous par la compagnie de bus ? En me grattant la tête, je déloge un petit rampant qui pourrait fort bien être un cafard. Ah oui, autre caractéristique des strapontins : on est plus proche du sol. Nos rêveries sont bercées par les doux dialogues des séries télévisées comiques, ponctués par les grands éclats de rire de nos joyeux voisins qui réagissent de bon coeur à chaque fois qu’un personnage se prend une claque sur la tête (ça fait Boiiiing ! à la télé, HAHAHA dans le bus). Comme dirait une française qu’on a rencontré : « troooop cool ! c’est tellement local !! ». Petit extrait de sa bonne humeur à toute épreuve : « Alors tu vois j’ai pris un bus de Yangon à Kalaw, et vers 5h du mat on arrive dans un coin mais trop pauuumé… je demande au chauffeur Kalaw? Kalaw? et il me dit ah Kalaw mais c’était y’a deux heures… Alors je descends, et je commence à me balader avec mon sac à dos, tranquille tu vois, c’est le petit matin et y’a personne, mais trop authentique tu vois quoi, je prend le petit dej avec des locaux, trop sympas les gars… Après je prends un pick-up pour retourner à Kalaw, on est entassés comme des sardines, carrément trop à la locale tu vois ! Trooop top! ».
On doit être blasés, je vois que ça.
Arrivée à minuit à Pyay. Deux trois trishaw-men nous proposent de nous emmener en ville, mais devant notre radinerie ils nous dirigent vers un taxi tuk-tuk qui nous accepte pour 2000 kyats (prononcer « chiattes »). Il nous dépose devant une guesthouse assez insalubre, et le patron ne veut pas entendre parler de négociation. On va voir ailleurs, mais finalement après un « full, full », un « no foreigners here » et une quatrième gueshouse plus chère et moins bien, on revient la queue entre les pattes à la première. Le mec est sympa et ne nous rigole pas au nez. La chambre est vraiment pas top et les chiottes puent la pisse mais ça devrait le faire pour une nuit. Le lendemain matin, le petit dej ne nous met pas en joie : café instantané, oeufs sur le plat froids probablement préparés il y a très longtemp, beurre rance, et petits pains sous plastique moisis. On fait nos relous, mais en fait le mec est désolé et nous apporte du pain frais. Pendant qu’on se plaignait, il nous a sorti une carte de la ville et nous a fait un dessin du trajet qui nous reste jusqu’à la fameuse plage, avec les prix et les distances entre chaque étape. Il est vraiment trop sympa, et on se sent quand même un peu couillon pour notre côté français jamais contents. Il nous explique qu’il a téléphoné à une compagnie de bus ce matin qui est d’accord pour prendre des touristes. En fait beaucoup ne veulent pas, pour deux raisons principales : d’une, en bus très très local, les pannes sont fréquentes et parfois on peut attendre une bonne journée que ça soit réparé. De deux, les touristes sont souvent trop gros et prennent plus d’une place normale !! Il nous dit qu’il faut aller réserver le prochain bus à la station, nous accompagne sur la place principale et nous met dans un pick-up à 150 K/personne, soit quand même 10 fois moins que ce qu’on a payé la veille dans l’autre sens. En plus il parle au chauffeur, qui nous dépose devant le comptoir de la bonne compagnie, attend qu’on achète nos tickets, et nous ramène en ville. L’achat des tickets est encore un peu problématique : le minibus est plein pour aujourd’hui, damned it ! Le mec nous dit d’essayer à côté, mais manifestement ils ne veulent pas de gros blancs ;). On prend donc pour le lendemain…
Prochaine étape, faire des photocopies de nos passeports et visas en 7 exemplaires en prévision des check-points. Notre hôte est encore de bon conseil et nous propose d’attendre que l’électricité revienne pour ne pas avoir à payer le générateur et obtenir du coup nos photocopies moins cheres. En attendant, on se promene dans Pyay en s’amusant a compter les farangs : comme on a decide qu’on avait le droit de se compter, on en est a 2.
PS: on a même pas été malade depuis le dernier post !!! Wahoo !
13 mars 2010 at 0:33
Eh bé,
Nous ici c’est toujours grand beau (sauf un bon épisode de brouillard hier après-midi, étions partis côté suisse vers Morgin avec xavier, mais ça s’est vite couvert et on y voyait pas à plus de 3 m, et c’était un peu chaud pour rentrer à temps sur Avoriaz via toutes les remontées de Champoussin..!).
Il ne faisait plus que -9°C ce soir en rentrant d’un bowling…On skie encore demain et on rentre samedi PM (6 h d’Espace quand même) sur belmontet car Jorge et nat prennent leur avion dimanche matin. Xavier a trouvé côté Suisse (en fait sur la zone frontalière franco-suisse) un bon spot de snow-kite et s’éclate…
Jorge progresse bien en snowbard et nat a repris le ski après être tmbée sur l’épaule en snowboard….
Bises et bon courage pour les bus
peurh
13 mars 2010 at 13:46
coucou les ptits loups!
houlala cette partie du voyage m’a l’air d’être riche en folklore en lisant tous ça on imagine très bien le tableau! au risque d’être prise pour une petite chochotte je vous trouve très courageux! 🙂 🙂
surtout pour les 20 bornes à vélo sous le cagnard, moi je l’aurai pas fais…(mais j’ai une excuse avec le bébé…:) mais même je suis trop faignasse!)
sympa aussi le petit côté j’ai des copains qui logent dans mes cheveux!!!
Oh fait titanic c’était en quelle langue, c’est déjâ long en français mais j’imagine en langue étrangère….
En tous cas tout ça forme un super carnet de voyage; vivement la suite !
bisous les loulous
14 mars 2010 at 11:49
c’est cool, la longueure du texte est inversement proportionelle au nombre de photos uploadees…histoire de compenser ou afin de ne pas laisser un seul ko de bande passante 😉 ?
je dis ca car les textes bien ecrits apportent en general un peu plus que les photos au niveau ambiance. meme si avec les retouches vous arrivez pas mal a compenser la mauvaise visi ( a propos de visi, allez sur champoussin et vous pourrez plus vous plaindre! ).
et puis de toute facon a moins d’un crash de DD on les aura les photos, donc on est gagnants sur les 2 tableaux!
faites peter les didj sur la plage avec un bon feu et un alcool local.
a+
17 mars 2010 at 13:47
Je suis pressée de voir les photos. Vous nous mettez l’eau à la bouche. En tout cas, c’est agréable d’avoir du texte à lire. Les noms des endroits ne sont pas faciles à intégrer, surtout pour les buses en géo, mais on arrive à suivre quand même. La Française qui trouve ça « trop d’la balle ! » semble manquer de perspective sur la réalité ou alors elle plane un peu (une bab’s ?).
Les voyages en bus, on peut dire que vous avez expérimenté sous toutes les coutures. Le train que vous prendrez ultérieurement sera aussi folklo, à mon avis. Vous pourriez presque écrire un essai-documentaire sur les moyens de transport en Asie.
Bisous !