Tourisme sexonoël…
27 décembre 2009 — larimaOn passe à nouveau quelques jours à Phnom Penh, histoire d’attendre lundi pour déposer nos visas à l’ambassade de Birmanie.
On va visiter le marché russe au sud de la ville, très coloré, il y a de tout, des pièces de mobylette aux imitations d’antiquités en passant par les poissons vivants, les poules suspendues par les pattes… On se pose dans la partie où on mange pour prendre un bo bun, et notre voisin de table entame la conversation, il parle très bien français « aaah vous êtes francais !! je croyais vous norvégiens car vous êtes tout petits !!! ha ha! ». Il nous explique qu’il a appris un peu de français sur le tas, puis il a obtenu une bourse pour aller prendre des cours accélérés pendant 6 mois à Paris « j’adooore Paris et la tour Eiffel ». Quand on lui dit que Clément n’est jamais monté en haut, il a du mal à ne pas s’étouffer ! « ahhhhh ah c’est rigoler ça, c’est très très rigoler !!!! ». A la fin du repas, il remet son masque de chirurgien, ses lunettes de soleil et sa visière. Difficile de continuer la conversation mais il n’a pas l’air de s’en rendre compte et continue à se marrer. Il nous quitte en disant qu’il va aller acheter des disques de Celine Dion au marché.
Lundi arrive, on a du mal à trouver l’ambassade, elle n’est ni là où l’indique le Lonely, ni là où elle devrait être d’après googlemap. Finalement, on tombe sur l’ambassade du Japon et un des gardes nous prend sur sa mob et nous y emmène, sympa ! Les visas prennent une semaine, on va donc aller voyager un peu dans le sud en attendant.
On prend le bus de midi pour aller sur la côte sud, à Sihanoukville. Le trajet dure 4 h et se passe plutôt bien, dans la joie et le karaoké. A mi chemin le bébé derrière nous commence à pleurer. Diagnostic immédiat (on est au premières loges) : il a fait caca dans sa couche. On s’inquiète un peu en se demandant si ils vont demander au chauffeur de s’arrêter, mais finalement au bout d’un petit moment les parents le change dans le bus, ouf 🙂
Quand on arrive, on récupère nos sac trempés de jus de climatisation macéré. On prend des mobs qui nous déposent, après pas mal d’essais, dans une guesthouse pas trop chère. Première balade sur la « plage », où plutôt les 50 cm de sable que les bars, les restos et les transats n’occupent pas. Le bord de mer est sympa mais l’ambiance est à chier : tous les bars sont tenus par des blancs, les jolies jeunes cambodgiennes sont assises sur les genoux de vieux messieurs dégueux, les prix sont le double de ceux de Phnom Penh… Clément à du mal à supporter cet aspect du tourisme…
On repart dès le lendemain pour Kampot, connue pour son poivre, qui selon nos lectures était très prisé dans les grands restos parisiens à l’époque coloniale. C’est beaucoup plus tranquille qu’à Sihanoukville et la ville dégage un charme plus authentique. Probablement moins mitée car il n’y a pas la plage, la ville s’étend sur un estuaire de rivière. On se promène un peu en dehors du petit centre, jusque dans les villages périphériques, très pauvres mais moins miséreux que les bidonvilles de la banlieue de Phnom Penh. Je retrouve l’atmosphère authentique des villages indonésiens de quand j’étais petite…
En rentrant en ville on rencontre un mec qui a une « compagnie » de transport. Il commence par essayer de nous vendre des billets de bus ou autre, puis comprenant qu’on est pas intéressés il se pose à côté de nous et nous demande de lui traduire quelques phrases d’anglais en français. Il parle déjà pas trop mal anglais mais veut apprendre le français, il prend des cours mais essaye aussi de pratiquer avec les touristes dès qu’il peut. Il nous dit que c’est difficile de trouver des profs de français car il n’y a plus que les personnes agées qui le parlent et « ils sont fatigués ». On va manger avec lui dans un petit resto, et il nous raconte qu’avant sa famille était éduquée, ses parents étaient avocate et professeur, et qu’ils parlaient français. Ils se sont tous fait tuer pendant le massacre des khmers rouges, et lui n’était alors qu’un bébé. Parents, grand-parents, frères, sœurs, tous y sont passé… Ils voulaient le tuer lui aussi, pour être né dans une famille cultivée, mais il a réussi à s’échapper, à à peine quatre ans. Il dit qu’il a envie de pleurer quand il parle de ça. On a le cœur lourd, quand on sait que c’est l’histoire de presque tous les cambodgiens de plus de 30 ans.
On reprend un minivan pour aller à Kep, où habite le père d’Aurélia et où on s’est donné rendez-vous pour fêter Noël. Aurélia, son père et ses grand-parents arrivent ce soir de leur voyage au Vietnam, mais la copine de son père est là et nous accueille. La faune locale est très colorée : comme à Sihanoukville, tous les bars sont tenus par des expats, la plupart français, et la petite communauté forme une joyeuse bande de proxénètes, de négriers, de mecs qui viennent se chercher une fille à marier parce qu’ils ont trop de mal chez eux, ou simplement tirer leur coup. Un gros marseillais répugnant tenancier de bistrot insulte sa serveuse cambodgienne en français, « hé gros nez bouge ton cul… ». Sympa l’ambiance. Disons seulement qu’on a l’impression que les étrangers qui viennent s’installer ici, à part quelques exceptions, bah c’est pas l’élite quoi.
On demande au père d’Aurelia comment ça se passe pour monter un business ici quand on est expat. Apparemment c’est très simple, tu ouvres ton bar sans être obligé de prendre un associé local comme dans certains pays, tu files un peu de bakchich aux flics, et évidemment tu ne payes aucun impôt au pays.
Le seul point positif c’est qu’ils embauchent des gens d’ici et que leur super paye de 60$/mois leur permet souvent de nourrir toute leur famille.
Bon sinon, on a bien vu que vous vous inquiétiez à propos de notre repas de Noël… Rassurez-vous ! On a été gentiment invités par la famille animée d’Aurélia, et au menu des festivités rien ne manque : crabes, crevettes, foie gras, caviar s’il-vous-plaît, bûche de noël fabriquée par un jeune expat (oui ça a parfois du bon…), et… et… le plat dont Clément et moi rêvions depuis plus d’un an : du magret de canard, au poivre de Kampot ! Pas facile d’en trouver ici, et Emmanuelle, la belle-mère d’Aurelia, a gagné notre coeur.
Le matin du 26, Aurélia, son père et ses grand-parents partent pour aller visiter les temples d’Angkor. Ces retrouvailles improvisées étaient bien agréables, ça nous a fait du bien de voir enfin une pote à l’autre bout du monde ! Quant à nous on prend le bus de 8 h pour la capitale, où on récupère notre ordi chéri !! Si on nous avait dit qu’on ferait réparer notre bon vieux mac plus sous garantie depuis longtemps au Cambodge et qu’en plus ce serait gratuit, je ne sais pas si on y aurait cru !
Joyeux Noël à tous ! On pense fort à vous en cette deuxième fin d’année passée loin de la maison.