Après une nuit de bus et un passage de frontière, on arrive à Sofia, Bulgarie. On a trouvé un couchsurfer pour nous aider dans une tâche qui ne semble pas si insurmontable que ça : acheter une voiture.
Bon. Premier conseil : n’achetez jamais une voiture en Bulgarie !
On est donc accueillis chez Lachezar, un bulgare super sympa qui a une baraque dans les montagnes aux alentours de la capitale, avec une très jolie vue. Tout est vert, y’a des ptites collines, des montagnes, de l’herbe, on se sent vraiment en Europe d’un seul coup.
Deuxième conseil : Si vous décidez de passer outre le premier conseil, trouvez vous un gars comme Lachezar, mais pas le même, parce que c’est sûr que pour lui c’était la première et la dernière fois qu’il aide des franceski à acheter une caisse !
::::: Journal de bord Opération Bagnole d’Enfer :::::
Samedi
06h00 : Arrivée à Sofia. Squattage café et déchiffrage de l’alphabet cyrillique sur vitrines pour s’occuper. On maîtrise.
11h00 : Rencontre avec Lachezar et sa meuf. Déjeuner, premiers échanges et bref exposé de notre voyage. Transfert vers la maison dans les montagnes, installation au QG.
18h00 : Première visite de bagnole. Renault laguna, pas mal, mais grosse flaque d’huile en dessous. Lachezar nous rappelle qu’au prix que l’on veut faut pas s’attendre à des miracles, mais quand même…
21h00 : Dîner léger à base de gratin méga bon préparé par la grand-mère de Lachezar, qui vit dans la même maison.
Dimanche
10h00 : On se refait un tour d’annonces de voitures sur le net. Lachezar appelle plusieurs mecs, pas beaucoup de réponses, on est dimanche. On se rend à Pernik, où il y a plusieurs voitures qui correspondent à ce qu’on recherche. Lachezar roule comme un taré et profite de nos nombreux déplacements pour nous faire une visite à la bulgare avec guide audio : « Là, sur votre gauche, la belle baraque… c’est à un mec de la mafia, plusieurs millions… à droite, la belle maison là immense, c’est un mec de la mafia, un politicien, j’connais des gens qui le connaissent… là-bas, plus loin, c’est une propriété gigantesque… un mec de la mafia… Là, c’est le quartier des gitans, des fois ils balancent des bébés devant les voitures pour racketter les gens… Les belles baraques, c’est aux gros bonnets de la drogue… ».
12h00 : On arrive sur place. Les deux voitures qu’on doit voir sont en fait vendues par le même intermédiaire, ce qui n’était pas précisé sur les annonces. Sur une des annonces aussi, la voiture avait des plaques françaises… On s’était dit chic-chic, pas de problème d’immatriculation, la perle rare ? En fait, la caisse n’a plus de plaques et au bout d’un moment le mec explique que les plaques françaises c’était pour faire joli sur l’annonce et qu’en fait la bagnole arrive d’Allemagne. Ok, ça donne un peu le ton.
14h00 : Lachezar appelle Nikki, son mécano, pour faire checker la caisse qu’on sent plutôt bien, une fiat marea. Check effectué, il s’avère qu’a priori elle est en bon état, quelques trucs à changer dont les freins, mais la main d’oeuvre et les pièces sont pas chères ici, et Nikki nous fera un prix d’ami comme s’il bossait pour Lachezar.
15h00 : Ok, c’est décidé, on l’achète.
15h15 : Merde, on est dimanche.
15h30 : Lachezar passe des coups de fils, une de ses spécialités. Quelqu’un peut aller ouvrir les locaux d’une des entreprises par laquelle « transite » notre potentielle future voiture.
17h00 : On arrive devant les locaux. Personne. On va boire un café.
17h30 : Ils sont là, on peut aller faire les papiers.
17h40 : Ils sont où, les papiers ??
17h50 : Vous prrrendrrre café ?
19h00 : Papiers en main, on retourne voir l’intermédiaire pour lui filer la somme convenue.
19h30 : Le camion arrive pour transporter notre voiture chez Nikki. Et oui, elle ne peut pas rouler, pas de plaques et pas de batterie.
20h00 : Retour QG.
Lundi
08h00 : On se lève.
09h00 : Lachezar et sa copine se lèvent.
09h20: Pancakes de mamie.
10h30 : Parès avoir acheté une batterie pour MAYHNA (Prononcer Maïna, en gros ça veut dire BOB ou WopWop, mais en bulgare, ou pote, ou maman…). On part pour notre nouvelle mission, immatriculer notre voiture au poste de police central de Sofia.
11h10 : Lachezar se rend compte qu’il a oublié son important rdv de 11h
11h20 : Rdv de Lachezar.
12h00 : Arrivée au poste de police. Organisation optimale, Céline fait la queue pendant que Clem et Lach’ vont faire l’assurance.
12h30 : Assurance en main, reprise de la place dans la file, entrée dans le poste, arrivée au guichet.
12h35 : Il nous manque le document le plus important concernant la voiture… On s’est probablement fait refilé une voiture volée.
12h40 : Pas de panique. Lachezar passe des coups de fil. « Des têtes vont tomber » annonce-t’il.
13h30 : Retour chez l’intermédiaire. « Ah bon ? Quel documenti ? Je sais pas, moi je ne fais que récupérer l’argent, je connais même pas le vrai propriétaire… »
14h00 : Retour au bureau de l’entreprise intermédiaire. « Ah bon ? Je ne l’ai jamais vu ce papier… »
14h30 : On s’est décidément bien fait refourguer une caisse volée ! Putain de yaourtskis ><
15h00 : Coups de fil. Un gars qui connaît un gars que Lachezar connaît, connaît le boss de l’intermédiaire. Ils disent qu’ils vont trouver une solution.
15h20 : On va boire un café.
16h00 : Le papier a miraculeusement été retrouvé ! « Vous êtes cinglés d’avoir acheté une bagnole un dimanche ».
16h15 : On a tous les papiers en main.
16h30 : On passe voir Nikki qui avait mis les réparations en stand-by et on lui file la batterie et du cash pour acheter les pièces.
17h30 : Retour QG, dîner de poivrons farcis concoctés par mamie.
Mardi
10h00 : On arrive au poste de police. Lachezar a des trucs à régler de son côté et nous y dépose avec un petit carnet où on a noté « vrrremenen nomerrrr za isnos za frrrrancia » = plaques temporaires pour exporter en france.
10h30 : Arrivée devant le guichet. La fille comprend notre charabia mais enchaîne de plus belle, comme si on parlait bulgare. Une de ses collègues vient à notre rescousse « you speak english ? ». Il faut que la voiture soit là pour qu’ils checkent les numéros de moteur et de chassis. Sauf qu’elle est en ce moment sur des crics chez Nikki. Coup de fil à Lachezar.
12h30 : Lachezar nous récupère. Coups de fil.
13h00 : On va chez Nikki.
14h00 : Céline reste chez Nikki, Clem et Lach’ filent à la station de police.
15h30 : Nikki a fini de placer les freins et de remettre les roues.
15h40 : La voiture est sur le camion. On part vers la station de police.
15h45 : Coup de fil de Lachezar : en fait, il faut qu’on amène la caisse aux douanes !
15h50 : Finalement il paraîtrait que c’est pas nécessaire de passer par la douane. On reprend la route de la station de police.
16h20 : De retour à la station de police. La mauvaise nouvelle, c’est qu’il faut bien aller aux douanes. La moyenne bonne nouvelle c’est qu’il paraît qu’au poste de police de Pernik, ils sont moins chiants et que ça devrait passer. La très mauvaise nouvelle, c’est que les plaques de transit c’est pas 30 jours comme on le croyait, mais 5.
17h00 : On renvoie la caisse au garage de Nikki, elle est très contente d’avoir vu un peu de paysage pour rien depuis son joli camion.
17h20 : Centre commercial, intérieur jour. Lachezar achète le dernier téléphone HTC, on mange une glace en l’attendant.
19h00 : Resto avec Lach et sa copine. Mal au crâne. Demain, ils partent pour Valencia et on reste tous seuls au pays du yaourt avec une caisse sans plaques.
Mercredi
06h40 : Clem se lève.
08h00 : Céline se lève.
08h30 : Lachezar se lève.
09h15 : Direction le poste de police de Pernik où notre caisse et son camion préféré doivent nous rejoindre.
09h30 : Lachezar nous dit qu’il connaît bien tous les endroits où sont placés les flics au bord de la route.
09h32 : Lachezar dépasse 3 voiture à 90 en grillant des lignes blanches et des passages piétons.
09h33 : On se fait arrêter par les flics. Lachezar glisse discrètement un billet de 100 dans la main du flic.
09h35 : On repart.
09h50 : On arrive devant le guichet du poste de police de Pernik. Une dame très gentille nous reçoit. Mauvaise nouvelle : les plaques temporaires, c’est pas 30 jours effectivement, ni 5, mais 3. Ca commence à faire short.
10h15 : Lachezar discute avec le boss. Le boss nous accorde 20 jours. On rembourse à Lach son « amende » du matin pour le remercier.
10h30 : Ils checkent les numéros.
11h00 : On a des plaques !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
15h00 : On dépose Lachezar et sa meuf à l’aéroport, mission accomplie.
20h00 : Des plaques, une assurance, une carte verte, une « vinette », un lit, de la bouffe, on est ready.
21h00 : On se tape un saucisson pour la première fois depuis 1 an et demi pour fêter tout ça.
Finalement, ça aura été plutôt rapide, mais pas vraiment simple. Plein de rebondissements et de surprises ! Et si c’était à refaire, on prendrait l’avion. Spéciale dédicace à Lachezar : mersi, mersi, mersi !!
Prochaine étape : survol de la Roumanie !
J-20… à suivre.