A Ho Chi Minh Ville, on ne fait pas grand chose, on se balade et on regarde les marées de scoots et mobs. C’est assez impressionnant, surtout quand ils s’arrêtent tous au feu rouge, quand ça redémarre ça fait une énorme vague qui déferle ! On se réconcilie avec la bouffe asiat, on s’en faisait une joie en quittant l’Australie et la Nouvelle-Zélande et pour tout dire pour le moment on était plutôt déçus. On a mangé de très bonnes choses ponctuellement, et dans les grandes villes c’était souvent pas trop mal, mais en général c’était loin d’être top. La Birmanie c’était vraiment pas ça, au bout de deux currys pas terribles on s’en s’est vite lassés, et à la fin on en avait carrément marre du fried rice, qui est pourtant une valeur sûre dans la mesure où c’est toujours simple et correct et qu’on ne risque pas de se retrouver avec une assiette de colon de cochon ou de foie de poulet. Bref, à Ho Chi Minh, tout ce qu’on a mangé était très bon, avec une mention spéciale pour mes crabes farcis ! Hummm 🙂
A Saigon, comme beaucoup l’appellent encore ici, on profite aussi des bons côtés de la colonisation. Croissants et pains au chocolat, et consultation d’un médecin français pour moi car je traîne une petite infection généralisée depuis presque deux mois. Attaque de staphylocoques, le toubib me file des antibios. La consultation est pas donnée mais en même temps les profits sont utilisés pour guérir les petits nenfants vietnamiens malades du cœur.
On se repose un peu dans notre super guétouze avec mini bureau et internet (on en profite pour mater toutes les conneries que les gens qui bossent n’ont que ça à faire de s’envoyer, genre ça) avant de prendre un bus pour Dalat. C’est dans les hauts plateaux du centre, et on retrouve des paysages tout vert et du ciel tout bleu, sans poussière dedans ! Enfin, bleu quand on le voit, car on retrouve aussi la pluie et des températures qui ont nettement chuté par rapport a Saigon. On perd un peu plus de 20°C.
Le lendemain de notre arrivée on part avec Rot, un guide local, explorer la région en mob. Il nous a vendu son tour comme un vrai commercial, en nous promettant une expérience authentique sans boutiques a touristes, et on se laisse tenter. On ne le regrettera pas, on a passée une super journée avec lui et les quelques autres touristes et les paysages étaient très chouettes. On commence par visiter une ferme d’élevage de criquets, avec dégustation à la sortie bien évidemment. N’ayant encore jamais pris les devants pour tenter l’expérience, on se dit que c’est l’occaz et hop crunch crunch, c’est comme une chips, d’autant plus qu’ils les ont préparés fris enrobés d’un peu de pâte de riz pour moins dégoûter les touristes. N’empêche, Rot fait son malin en faisant semblant d’en manger un cru, mais au final il n’en prend pas un seul.
Visite ensuite d’une fabrique de soie traditionnelle, ils font tout, de l’élevage des vers à soie jusqu’au tissage et confection de vêtements. Ils mettent les cocons dans de l’eau chaude, et au dessus y’a des machines dans lesquelles ils coincent des fils venant du cocon qui tirent sur le fil et l’enroulent. 500 m de fil dans un seul cocon, mais les machines en enroulent direct une dizaine ensemble, sinon c’est trop fin. Des filles séparent les cocons normaux de ceux, plus gros, qui contiennent des jumeaux. Ceux-la, elles s’en occupent à la main, et ça donne une soie beaucoup plus brute, très jolie. Les machines à tisser fonctionnent encore aux cartes perforées pour le design des motifs, Clément est content de voir un peu de développement à l’ancienne 😉
Petit arrêt à une très jolie chute d’eau, y’a encore pas mal de débit malgré la saison.
On va ensuite dans la famille de Rot, sa vraie famille car il a aussi une famille d’adoption, plus riche, qui l’a élevé depuis qu’il a une dizaine d’années et lui a payé ses études. Sa famille à lui était beaucoup plus pauvre, et comme il était le neuvième gosse (sur 12) il n’aurait peut être pas eu la même facilité dans la vie. Depuis sa famille s’est lancée dans l’exploitation de café et ça a l’air de marcher pas trop mal du tout. Grande maison en dur et bagnole neuve. Rot nous emmène chez les voisins, des Montagnards (ethnie du coin appelée ainsi pas les Français), qui eux vivent dans des paillotes super rustiques. Comme il a vécu là étant gosse, il est resté pote avec eux et parle leur dialecte. Du coup l’ambiance est beaucoup plus décontract que dans les tours du genre « visite des ethnies traditionnelles qui vivent comme au Moyen Age » et on rigole bien. Rot est un marrant et essaye de nous faire dire des conneries à nos hôtes, du genre i love you ou i want to marry you, mais ça fait marrer tout le monde et c’est plutôt sympa. Il nous raconte l’histoire de la femme qui nous reçoit, c’est super triste… En fait dans cette ethnie le mariage est très codé : la femme doit acheter son mari à sa famille, à coup de grosses jarres, de buffles, de colliers en pierre semi-précieuses et parfois d’argent. Évidemment si elle n’a pas beaucoup de biens, elle ne peut pas se payer un super mari et doit se rabattre sur un pauvre ou une épave (par exemple, s’il fume et picole, il est pas cher !). C’est rare que des couples amoureux arrivent à se marier, en général ils ne se connaissent même pas à l’avance. Cette femme là était justement amoureuse d’un mec, mais il venait d’une famille beaucoup trop riche et elle ne pouvait donc pas se le payer. Mais il était amoureux aussi, et ils se sont enfuis dans la jungle pour vivre ensemble… Ils ont fait deux gamins puis sont revenus vivre au village, mais la famille du gars était pas d’accord du tout avec l’entourloupe et venait régulièrement les menacer et les frapper. Il y a quelques années, alors que le couple avait déjà cinq gamins, les parents sont venus rechercher leur fils par la peau du coup et l’ont marié à une femme qui avait les moyens. Notre hôte nous dit qu’elle ne l’a pas revu depuis quatre ans. Elle a seulement 35 ans, et ne veut pas se remarier. Dur dur.
La maman de la dame nous fait une petite démonstration de filage à l’ancienne, elles ne sont plus que deux femmes au villages à faire des vêtements de manière complètement traditionnelle, y compris la teinture à base de colorants naturels extraits de plantes (feuilles spéciales pour le bleu, feuilles de manguier pour le vert, tamarin pour le jaune et graines de curry pour le rouge).
On va ensuite manger chez Rot un repas préparé par sa sœur qui est nonne bouddhiste. Café maison en fin de repas, super bon. Puis vient la dégustation de fruits exotiques, au bout de plusieurs mois en Asie on continue d’en découvrir de nouveaux. Rot sort ensuite d’une feuille un dessert noirâtre dans lequel il croque un généreux morceaux avant de le faire tourner. Gluant, un peu bizarre, avec un petit goût de noix de coco, pas mauvais. Rot nous observe tous et insiste pour que chacun goûte avant de nous dire ce que c’est : à l’intérieur, c’est bien de la noix de coco, mais l’enveloppe noire c’est tout simplement du caca de veau. Et ça le fait marrer 😀 Ils ont une autre spécialité dans le coin, le café-fouine, un café préparé à partir de grains mangés par des fouines et récupérés dans leurs déjections. Mais ça, on y a pas le droit, dommage…
En sortant on se fait alpaguer par le père de Rot et ses potes, qui prennent l’apéro depuis un petit moment. Ils sont déjà bien joyeux et insistent pour que l’on trinque avec eux. Je goûte un fond de shot d’alcool de riz, mais ils ont l’air de trouver que c’est de la triche et du coup je dois m’en retaper plusieurs cul sec pour faire bonne impression… Y’en a un qui est d’humeur sociale et qui me met le bras autour des épaules et insiste pour avoir une photo souvenir… Clément s’empresse de dire oui quand on lui demande si on est mariés. On remonte sur nos motos après ce petit remontant, et on retourne a Dalat via une petite ferme de champignons.
Le soir, Rot nous emmène au resto avec quelques autres touristes. Clément prend une fondue au bœuf avec des galettes de riz à tremper dans l’eau avant de les farcir de crudités, de nouilles et de viande, puis de les enrouler comme un rouleau de printemps maison. En plus d’être ludique, c’est très bon. On va ensuite dans un bar chicos local, où Rot a travaillé quelques années comme artiste chanteur. Eh oui, c’est un bar karaoke de luxe. Une des chanteuses interprète même une chanson en français rien que pour nous. La musique est super forte et pas forcement à notre goût, et comme j’ai un peu chopé froid on rentre pas trop tard. On laisse Rot avec ses potes et on rentre à l’hôtel. Le lendemain, bus pour Nha Trang, sur la côte. Les bus ici sont super confort, en tout cas ceux qu’on prend. Clim, sièges inclinables, petites bouteilles d’eau, lingettes rafraîchissantes et surtout des durées beaucoup plus raisonnables qu’en Birmanie, un vrai plaisir.
A Nha Trang, il pleut, et l’eau censée être turquoise est toute boueuse. On va se réconforter dans un petit resto franco-vietnamien où on se paye un menu viet pas mauvais accompagné d’un très bon petit vin rouge de Dalat, et en dessert bleu français.
Les photos de Ho Chi Minh Ville sont ici, celles de Dalat là.