Trishaw, vélo, dodo

Suite de nos chroniques birmanes :

Nous quittons Inlay en direction de Mandalay. On poireaute une bonne heure et demie au tea-shop de la jonction, où notre bus se fait désirer. Une bonne trentaine de bus passent avant le notre et à chaque fois, on se lève pour essayer de repérer si le nom de la compagnie correspond. Sauf que sur les bus c’est en birman, et sur nos tickets en anglais… Mais la gentillesse des birmans ne fait pas défaut, et à chaque bus qui s’arrête, le patron du tea-shop nous dit « no, not this one » en rigolant. On s’installe, et c’est parti pour une nouvelle nuit de bonheur. Encore une fois, ça parait tout petit sur la carte, mais ça fera quand même 10 heures. Après tous ces bus interminables (et inconfortables !), et c’est pas fini, qu’on vienne pas nous dire qu’un transatlantique en avion, c’est long.
On arrive à Mandalay vers 5h30. Malgré notre tête fourrée dans l’arrière train, on négocie âprement le transport jusqu’au centre ville. On partage le tuk-tuk avec un birman richou bling-bling habillé, ou plutôt déguisé, avec le plus possible de vêtement de marque. Il engage la conversation et nous dit qu’on devrait aller au Swan Lake Hôtel, pas cher, 4 étoiles… Quand il nous apprend que sa maman adore Paris et l’Italie, où elle se rend souvent, nos doutes quand à son origine sociale, et surtout son orientation politique, se confirment. Il n’en est pas moins très aimable pendant ces 20 mn de trajet…
On se trouve une guesthouse où il reste de la place après en avoir testé plusieurs. La patronne nous libère une chambre tout de suite, et ne nous fait pas payer la nuit presque finie. Cool. On pionce jusqu’à midi et on part en mission internet-café (cf. post précédent). Ca sera la première fois qu’on arrivera à se connecter depuis notre arrivée au Myanmar. On arrive finalement à accéder à nos mails, mais certains sites sont bloqués, dont blogspot entre autres. Sur la page d’accueil de Chrome, le tiers des sites favoris sont « access denied ».
Le soir même on part avec un guide en trishaw, une sorte de vélo side-car, pour s’offrir le coucher de soleil depuis le temple de la colline de Mandalay. On échangera quelques mots sur sa vision de la politique ici, et notamment sur les prochaines élections : « nothing will be change ». A priori ils ont des isoloirs, mais ils n’y vont pas seuls…
On visite en chemin deux grands temples, entourés chacun de milliers de mini-pagodes en alignement concentrique (pour les puristes, 1724 pour le premier, et 729 pour le second). C’est superbe. Chacune des mini pagodes contient une dalle recouverte d’écriture sacrées.
On grimpe une lonnnnngue série de marches pour accéder au point de vue sur la colline. La vue n’est pas exceptionnelle vu le nombre d’arbre masquant les mini-pagodes… par contre on voit très bien le terrain de golf de Mandalay. Et comme d’hab’, le ciel est poussiéreux et la visibilité dégueu. Mais comme on a esquivé la taxe gouvernementale de 10$, ça reste sympa 🙂

Le lendemain, on se loue des vélos pour aller visiter un peu les environs. Il fait très très chaud, et on circule dans un enfer de klaxons, gaz d’échappement, et odeur de vase (Céline dit « non, de caca, ça sentait le caca ! »…). En se dirigeant vers le plus grand pont en tek du monde, on longe un petit lac manifestement transformé en décharge. Des gens vivent dedans, y font sécher leur linge, et on verra même un gamin se torcher le cul avec des détritus (« d’où l’odeur ! Ca confirme ma théorie » dit Céline). C’est vraiment sale et ça fait mal au coeur. Deux petits gosses viennent nous demander l’argent, et quand ils voient l’appareil photo, ils prennent la pose, tout sourire.
Le pont en lui même est pas mal du tout, au-dessus des champs de maïs et de cacahuètes. Céline trouve que c’est un peu de la triche leur record du monde, car un petit bout est en béton 🙂 On va remplir nos batteries avec des jus de citron, avant de repartir sur nos vélos brûlants.
Sur le chemin du retour on passe par Mahamuni Paya, qui abrite un bouddha dont la forme est toute déformée par l’ajout de milliers, voir milliards, de feuilles d’or par les fidèles (seulement les hommes…). On n’arrive pas très bien à voir le bouddha, car on n’a pas trop envie de gêner les gens qui prient, et qu’on ne veut pas payer la taxe « appareil photo ». Les plafonds rouge et or sont de toute beauté !
On s’aventure ensuite dans des quartiers aux rues non numérotées, à la recherche d’un monastère en tek, indiqué par le lonely planet. On l’aperçoit, mais c’est fermé.
Dernière mission avant le repos du cycliste, aller chercher des avocats au marché. Ils n’ont pas l’air bien mûrs, mais on les prend quand même. Les avocats en Birmanie, c’est de loin les meilleurs qu’on ait jamais mangé !
Au final on se sera quand même fait pas loin de 20 bornes dans la châleur, le bruit et la pollution. On est content de ce qu’on a vu, mais la balade en vélo c’était vraiment pas de la tarte.

Le lendemain matin on prend un bus (encore…) pour aller sur Bagan, la ville aux 4400 pagodes. Cette fois le trajet se fait de jour, et ne dure que 8 heures. Et là, on se dit que les trajets de nuit c’est finalement pas si mal, parce qu’on crève de chaud. Nos avocats ne sont effectivement pas mûrs, mais on les mange quand même, et ils sont malgré tout très bons.
A un arrêt sur le trajet, un camarade de bus nous aborde, et après l’habituel « Hello ! How are you ? Where do you come from ? » (auquel on le droit à peu près 2000 fois par jour…), il ajoute « now in Myanmar, it’s the beginning of hot season »… merci coco, on avait pas remarqué 🙂

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