Eastern Cowboys

A Shangri-La on prend nos tickets sans problème pour Xiangcheng, et on apprend le soir même que la route n’est ouverte que depuis 5 jours. Lucky ! Apparemment la route aurait été fermée car la région est proche du Tibet et qu’il y aurait eu des tensions à l’occasion du 50e anniversaire de l’exil du Dalaï Lama.

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Petite info utile pour les voyageurs qui tombent ici par hasard : si vous souhaitez visiter le monastère de Shangri-La gratos, allez manger au Sean’s café number 2 et demandez le guestbook de Daisy. Il y a un italien qui a dessiné une carte et donne l’astuce ! et Daisy est très gentille 🙂
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La route entre Shangri-La et Xiangcheng est superbe, pâturages couverts de givre, yacks qui broutent, et bien sûr des montagnes en veux-tu en voilà. Arrivés à Xiangcheng après 8h de bus assez confort, on nous propose direct un minibus pour Litang, pour moins cher que le bus normal… On hésite un peu, on aurait bien jeté un oeil à la lamaserie du coin, mais en même temps ça nous tente bien et on accepte. On monte avec 2 autres touristes et 3 tibétaines dont une qui doit bien faire 1m90, une vraie armoire à glace. Qui a dit que les chinois étaient tout petits ? Le chauffeur roule comme un fou, il nous a dit qu’on arriverait en 3h et on veut bien le croire ! Mais au bout de 20 min une voiture de police nous arrête, prend quelques photos de nous et embarque notre chauffeur dans leur voiture. Un policier prend la place de notre chauffeur, fait demi-tour et nous ramène à la ville précédente. En chemin, la voiture des flics s’arrête, notre van aussi. Les flics et notre ex-chauffeur descendent, les tibétaines les rejoignent, et là ça commence à partir en cacahuètes… Les tibétaines gueulent sur les flics, et en viennent aux mains. Deux d’entre elles sont super excitées et tabassent un peu les flics, qui restent sereins. La troisième tibétaine fera tourner son moulin à prière tout du long, ce qu’elle avait déjà fait pendant les 8h de bus précédentes. Comme quoi ça marche pas trop son truc ! Finalement tout le monde remonte dans les véhicules et le flic nous ramène à Xiangcheng. Pendant tout le trajet c’est grosse engueulade entre notre nouveau chauffeur et les filles. On est frustrés de pas comprendre, a priori ça n’a rien à voir avec nous, on dirait que les tibétains (les filles et le chauffeur) n’ont pas le droit de rentrer chez eux à Litang…

De retour en ville on se trouve une guétouze, et on retrouve 3 français/tchèque rencontrés dans le bus d’avant. On va avec eux à la station de bus, mais ils ne veulent/peuvent pas nous vendre de tickets pour Litang. Evidemment, on comprend pas pourquoi (c’est du chinois !). Plus tard, on retrouve notre chauffeur et les filles tibétaines, qui nous proposent par signes, mimiques, et quelques mots, de les retrouver à 5h du mat le lendemain, pour filer à la tibétaine. Rendez-vous pris ! Le lendemain, réveil difficile à 4h, on va retrouver nos amis devant la station de bus, mais ils nous posent un… yack. On attend quand même pas mal, mais ils ne se pointent toujours pas. Par contre la station ouvre, et on réessaye d’acheter des tickets. Toujours pas possible, pourtant il y a un bus devant qui semble y aller. Un mec nous propose de nous conduire à Litang en taxi-van, mais c’est plus cher. On retourne à l’hôtel, la sieste porte conseil. Finalement on finira par partir avec nos 3 franco-tchèques et les 2 touristes de la veille, avec le mec au taxi, qui ne veut pas descendre son prix car d’après ses gestes il peut se faire taper par les flics…

La route est absolument sublime ! Champs verts, maisons tibétaines blanches aux fenêtres colorées, lacs semi gelés, cols à plus de 4500m, neige, puis chaînes de montagnes à n’en plus finir, paysage rocheux un peu désolé… Pfiouu, on s’en prend plein les yeux. On fait pas mal de pauses une fois qu’on a appris à dire le mot en chinois car notre chauffeur s’endort au volant. On surveille ses yeux dans le retro, et dès qu’il pique du nez on le secoue ! A la fin, c’est carrément flippant, et quand on voit les ravins que l’on longe, ben ça fait très peur. Chacun s’imagine dans sa tête, bon si on tombe là, ça va, au pire on fait 2 ou 3 tonneaux… ouh là par contre c’est chaud !! On l’aurait bien relayé, mais c’est strictement interdit, même s’il l’a plus ou moins proposé à Clément à un moment… Pareil, quand on lui fait faire des pauses forcées, il ne veut pas dormir et veut repartir tout de suite, alors que nous on est pas tellement pressés et on préférerait arriver vivants.

Ce qui fut le cas. En route, il y aura 2 check-points, un pour nous et un pour le chauffeur. Les flics regardent nos passeports avec plus de curiosité qu’autre chose, plutôt bonne ambiance, ça passe nickel. Bref, on a fini par arriver à Litang ! C’était pas gagné d’avance. La ville est à 4000m d’altitude, et on le sent bien quand il s’agit de monter 3 marches 🙂

Les gens ici ont un style de taré : chapeaux de cowboys hommes comme femmes, blousons en cuir, coiffes traditionnelles tressées compliquées, lunettes noires, limite parfois y’en a qui ressemblent à Albator. Ils ont trop la classe, des gueules basanées par le soleil, les joues rouges. Sur leur motos décorées/tapissées, avec option gros gants doublés moumoute intégrés au guidon, ils ont vraiment trop le style. De vrais cowboys tibétains ! Au petit resto à côté de notre « hôtel », un groupe de bikers est assis en face de notre table. Les regards se croisent, aussi curieux d’un côté que de l’autre. Avec pas mal d’admiration de notre côté pour leur dégaine.

Notre « hôtel »… pas vraiment la grande classe, chambre-dortoir où traînent mégots, canettes, pansement usagés et petits os de poulet, tout ça dans une odeur persistante de chien mouillé. Avec Clément on prend la chambre complète (2 lits) mais ça n’empêche pas les proprios ou à peu près n’importe qui ayant envie de jeter un oeil/discuter/faire une sieste/autre, de venir ouvrir la porte sans frapper ou de mater par la fenêtre. Même repérés, ils restent là, souriants, ou entrent sans essayer d’expliquer ce qu’ils veulent. Au début ça surprend, finalement ça devient marrant. Le mieux dans cet hôtel, c’est pas les douches pour la simple raison qu’il n’y en a pas, c’est les toilettes, dignes d’un 5 étoiles. Déjà elles sont cadenassées la moitié du temps, ce qu’on a du mal a comprendre vu leur état. Planches en bois plus ou moins branlantes, pas de porte, trou dans le béton sans trop d’évacuation, pas d’écuelle pour « tirer la chasse », odeur bien évidemment au rendez-vous qui remonte le coeur, et chien enragé, heureusement attaché, qui donne l’impression qu’il va se jeter sur nous et nous bouffer le cul au moment où on ne s’y attend plus. Le tout dans une espèce de porcherie (au sens propre, si propre peut s’appliquer dans ce cas). Que du bonheur ! Quand on pense que pas si loin de là, au Japon, ils ont des chiottes de luxe avec petite musique classique et jet d’eau pour nettoyer la zézette, ça laisse rêveur… Mais bon, on y passe pas la journée non plus, rassurez vous !

On fini le premier jour en jouant au tarots avec notre trio franco-tchèque, à base de cartes achetées dans l’épicerie du coin et customisées par nos soins, en mangeant de succulents raviolis-zamouzas grillés accompagnés de thé au beurre de yack salé. Grande première pour nous, nos trois acolytes disent beaucoup aimer « vous aimez le fromage ? vous allez aimer ! ». Faut savoir qu’en général, personne n’aime. Moi je trouve pas ça dégueu, pas mauvais du tout en fait même si j’en boirais pas des litres. Clément : « ça a plus le goût de vielle croûte pourrie que de fromage ! j’aime pas, moi ». Pas fan, mais pas au point de trouver ça vraiment dégueulasse et à devoir se forcer devant ses hôtes comme 90% (99 ?) des gens. Le lendemain, après une petite grasse mat pour rattraper nos 2 derniers réveils aux aurores, on va se balader, à la stupa du coin puis à la lamaserie. Les gens sont charmants, on rigole bien, la lamaserie est très belle et la vue y est magnifique. Un moine nous fait visiter, très chouette.

La suite au prochain numéro !

Les photos : Xiangcheng, la route superbe mais vue depuis derrière la vitre teintée, et Litang et ses cowboys sortis d’une autre dimension.

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2 Responses to “Eastern Cowboys”

  1. Patricia Says:

    On a l’impression que vous êtes au Tibet. C’est vraiment différent de ce que vous avez vu jusqu’à présent. Un peu dangereux quand même… Les photos prises à travers les vitres sont bien, sans doute un peu polarisées (il n’y en a qu’une où on voit la vitre…). Ça a l’air de cailler, quand même ! Heureusement que vous vous êtes équipés en lainages, vous manque plus que des gants moumoutes et ce sera parfait. Bon courage ! Bisous.

  2. MARC Says:

    A force de grimper en altitude, vous allez bientôt rencontrer Tchang et le Yéti, vous pourrez leur donner quelques cours de didje…
    Quant aux bikers, ils valent ceux de la Route 66 ou cde la Stuart Hway… C’est vrai que ça looke de + en + tibétain, à quand Lhassa?