Cape York, ou le retour à la poussière

Depuis pas mal de temps on avait envie d’aller sur la péninsule du Cape York à l’extrème Nord de l’Australie. Cette épopée 4×4, Bob l’a testée pour vous !

Tout a commencé dans un camping, quand un couple d’aussies sont venus nous taper la causette. Rengaine habituelle depuis quelques temps maintenant où on décrit notre itinéraire « on a acheté le van à Sydney puis on est partis vers le sud direction Melbourne, qques semaines en Tasmanie, puis Adélaide, Alice Springs, Kalgourlie via la Great Central Road, remontée de la côte ouest jusque Broome, puis Darwin et Cairns via la Savannah Way » (ça récapitule pour ceux qui débarquent^^). Bref, ils sont plutôt impressionnés des pistes empruntées par Bob, et commencent à nous brancher sur le Cape York. Ils y ont passé plus de deux mois et nous conseillent vivement d’y aller : à cette époque il n’y a plus d’eau dans les criques (ce qu’ils disent…), et vu les pistes que vous avez pris, no worries ! Ils nous filent même un bouquin sur la région.

Aprés avoir embarqué Xavier à bord, le frère de Céline, et tout son fourbi (matos de kite-surf qui prend pas mal de place dans le van :)), fait un tour chez notre mécano favori, on commence notre 2 wheels drive adventure !

On passe de nouveau de la rainforest au bush sur une route de terre rouge. La piste est plutôt bonne comme on nous l’avait indiqué. Les 3 ou 400 premiers km sont un peu monotones. On se trouve quand quelques spot de camping sympa, ou Xavier peut tester son aile de kite dans le bush australien.
Le 3ème jour ça commence à devenir marrant. On fait un petit détour pour aller voir les Twin falls, à ne pas louper nous à t-on dit, et là, surprise : toutes les rivères ne sont pas à sec. On va tâter la profondeur à pied avant de mouiller Bob. Mais notre techinque ne doit pas étre vraiment au point : les 50 cm de flotte qui nous arrivaient à peine aux genoux se tranforment rapidement en presque un mètre quand Bob fait trempette ! Disons 70-80 cm… mais c’est déjà le grand bain à ce niveau là. Ca passe, mais ca fait des drôles de bruits. mmh. Mauvais signe. On a de l’eau qui monte sur le plancher ! On s’arrête un peu de l’autre côté, pour « la faire sécher, la salope » (référence, référence…). Plein d’eau dans la cavité du filtre à air aussi… Le moteur a des ratés et tourne un peu sur 3 pattes, mais il nous amène jusqu’au campement. On va se tremper aux falls pour se remettre de toutes ces émotions ! Super joli coin, au moins on est pas venus pour rien et après toute cette poussière c’est bien cool de plonger dans l’eau claire. L’après-midi, atelier mécanique : on nettoie les bougies de Bob, l’allumage, on check l’huile et quelques autres trucs… Ah oui aussi, on a de l’eau dans les phares ! Bon ça c’est pas très grave, mais ça nous fait bien rigoler. Atelier bricolage aussi, le meuble tribord a encore laché, après un bon choc dans un trou de la piste. Le moteur tourne à nouveau nickel.
Le lendemain matin… clic, clic… Impossible de démarrer. Fuck ! On check les batteries, l’arrivée jusqu’au démarreur… Le terminal est un peu dégueu, Xavier le nettoie et le replace, on a presque confiance… Clic, clic. 🙁
On fini par se sentir un peu démunis, voire même un peu cons, pas à milles milles de toute terre habitée non plus, mais presque… On va chercher un oeil nouveau sur la question, en la personne de notre voisin de campement, un des seuls qui reste dailleurs. Il a l’air de penser que notre diagnostic (démarreur encrassé ou foutu) est bien crédible, et nous conseille de démarrer en poussant. C’est parti pour une superbe manoeuvre en marche arrière, Bob démarre et je tourne la clé pour démarrer le démarreur grâce au moteur. Crrrrr crrrrr. Vrooooom vrooom. On coupe le moteur, et réessaye… Yes ! Ca remarche 🙂
Bob a encore un peu du mal, on lui changera ses bougies dès qu’on peut. Par contre, bon, on doit repasser la rivière… On installe notre planche de bodyboard à l’avant pour faire une vague et éviter au moteur de prendre trop d’eau. Le niveau a baissé un peu, de 15 bons cm, et notre trajectoire est meilleure, bref ça passe nickel. Ya même un couple en 4×4 de l’autre côté qui admire Bob et fait demi-tour (on les surnomera les « ptites-bites »). Ok, on faisait moins les malins une heure plus tôt !
Ce petit interlude au campement des Twin Falls nous aura aussi permis de faire la rencontre d’un petit chiot dingo trop mignon. Environ 4 mois, tout seul, tout maigre, et qui a pas l’air de super bien se porter : de temps en temps, ses pattes lâchent et il tombe. C’est pas bien de nourrir la wildlife, mais on craque et on lui donne du pain. Du coup il revient nous voir souvent, et à la fin il vient manger jusque dans la main de Céline (« s’il te plaît, apprivoise-moi ! »). On l’aurait bien gardé mais on est déjà au complet.

On repart en direction du Tip, le point le plus haut de l’australie. Encore un bac, pour traverser la Jardine River, 90 $ les 20 m, ils s’emmerdent pas. Soirée pêche à Bamaga pour Xavier et moi, Céline va garer Bob au camping et bouquiner. On revient bredouille…
Le lendemain, on fait les quelques dizaine de bornes qui nous séparent du Tip. Encore des passage de creeks, Bob commence a en avoir vraiment marre.
Balade jusqu’au cap, jusqu’au panneau « vous êtes tout en haut!! ». C’est super joli, vue magnifique sur le cap, la plage et l’eau turquoise… On profite en savourant des rillettes et du champagne français. La classe ! On se sent vraiment au bout du monde, et on se dit que ça vallait bien le coup de se taper encore 2000 bornes de piste !

Au retour, on passe par Iron Range National Park, mention spéciale pour la superbe Chili Beach. Il paraît qu’on peut voir des cuscus, encore un marsupial bizarre, mais ça doit être un bête nocturne et Bob a déjà filé, plus rien ne l’arrête. En fait on en aurait bien profité un peu plus en campant là, mais on a encore passé 6 ou 7 petites creeks pour y aller et on préfère retourner rapidemment à la civilisation pour emmener Bob chez son mécano préféré avant le week-end. En attendant, on lui change ses bougies, ça tombe plutôt bien c’est bientôt son anniversaire (26 ans, allez, souffle Bob !).
Dans une station essence sur la route principale, il y a un autre van et on fait remarquer à la pompiste qu’on est pas les seuls. « Ah oui, nan, mais celui là il est cassé ». On est fier de toi, Bob 🙂

On décide de repasser par la Daintree via la fameuse piste 4×4 only, décidemment… Super pentue. Mais c’est très joli ! Petite surprise encore avant d’y arriver : il y a un grand passage bétonné pour traverser la Bloomfield River, recouvert de quelques flaques d’eau quand on y arrive. Mais avant de traverser on va voir des chutes d’eau et quand on revient… Damned ! L’eau a vachement monté ! P***** de marée ! En se renseignant un peu on apprend que c’est justement une marée exceptionnelle, « king tide »… super. Quelques aborigènes viennent regarder la nuit tomber sur la rivière en partageant nos pistaches, et nous racontent qu’il y a quelques jours ils ont vu un croco de plus de 6 m juste là. Finalement, l’eau est vraiment haute, même les 4×4 du coin ne passent plus, et on dort là. Le lendemain matin, réveil tôt pour pas louper la marée basse, quand Céline va checker vers 6 h du matin c’est ok, on remballe avant que ça remonte et on passe vite de l’autre côté.

Arrivés à Cape Tribulation, un mec qui nous a vus sur la piste du Cape York nous lance un « You’ve made it!! Good on you ! ». Hé hé 🙂
Comme dirait un autre mec sur la route : « c’est un peu comme si vous faisiez un énorme fuck aux mecs qui louent des 4×4 à 2000 $ la semaine !! »

Epilogue : grand nettoyage de printemps, comme d’habitude, et encore des vis supplémentaires pour tout faire tenir ! Et toujours pas de pneu crevé !

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4 Responses to “Cape York, ou le retour à la poussière”

  1. Patricia Says:

    Whaou ! Vous avez p’être bien fait d’y aller avec Xavier, là-bas. C’est vrai que j’aurais bien aimé… dans l’idée. Dans les faits, je ne sais pas si je suis encore faite pour ce genre de frayeur. En fait, Bob est amphibie, c’est ça ? On avait oublié de vous le dire quand on vous l’a vendu ! Le coup de la planche à l’avant – spécial Xavmac Gyver – impressionnant ! À quand les photos ? La video met l’eau à la bouche… (euphémisme… c’est carrément le grand bain !)

  2. Leo Says:

    Ouahouh !!! Mais franchement, cette musique, vous êtes sûrs que Bob va pas vous le faire regretter ? Il ne risque pas de traduire ça par « Kill Bob », au moins ?

    Super aventure, en tout cas, et beau bricolage ! La planche transformée en brise-lames, fallait le trouver !

  3. Pattie Says:

    Wow ! Ça valait le coup d’attendre qu’Internet vous retrouve ! Les deux nouveaux articles sont super ! Mais j’aime autant les lire d’ici que les vivre là-bas ! Vive vous (et Bob ! ) qui le partagez !
    La vidéo ne marche pas pour le moment, donc je vais try again later, comme ça me conseille, puisque ça a l’air de fonctionner avec Pat et Léo.

  4. MARC Says:

    Salut les grosses bites (sans oublier Bob qui a fait le plus dur !)
    Bref, vous lui menez la vie rude à ce pauvre Bob, je vois que les aussies sont toujours aussi « fiables » pour les tuyaux…
    Bon, au risque d’en décevoir certains, ça passe plutôt cool sur la vidéo, il est vrai que c’est pas celle de l’aller et avec 15 cm de + ça devenait limite, surtout avec votre moteur placé un peu bas…et pas de snorkel.
    Le risque majeur est de rester embourbé au milieu, et là on doit vite regretter de pas avoir un 4×4…Bref, on persiste sur notre choix d’un Nissan Patrol ou équivalent pour les pistes de la cordillère des Andes.
    On commençait aussi un peu à se demander si Xavier n’avait pas fini dans la gueule d’un croc tandis que vous vous étiez embourbé en allant chercher du secours !
    Bon, ici c’est moins palpitant avec la réfection totale du plancher et de l’assise de la véranda, mais l’état de pourriture de l’ensemble était assez impressionnant …il était grand temps d’intervenir.
    Xavier a-t-il fat du kite surf au Cap York?
    A+
    Marc